Fernand Raoult F9AA
F9AA est l'un des premiers radioamateur que j'ai rencontré.
C'est en mai 1972 (j'avais 16 ans) que j'ai connu cet ancien juge d'instruction sur le stand de l’URC (Union des Radio-Clubs) à la Foire de Paris. Je l'ai rejoint les années suivantes pour participer à l'animation de ce stand au salon des composants électroniques ou à la Foire de Paris jusqu'à mon départ en province en 1977.
Aujourd'hui, sur le net, on trouve peu de trace de son action. C'est pourquoi j'ai souhaité lui rendre hommage en évoquant ci-dessous quelques étapes de sa vie.
Fernand Raoult nait à Dinard (Côtes-du-Nord) le 9 mai 1905.
Radioamateur dès 1925, il habite Dinan (Côtes-du-Nord) (Journal des 8 N° 115 du 23/10/1926 page 12) et devient membre du REF numéro 67 (Journal des 8 N° 145 du 21/05/1927 page 7).
En 1927 il est nommé chef de la section 10 (Journal des 8 n°146 du 28/05/1927 page 2).
Il est actif sous les indicatifs eF8RRF puis eF8FMR, F8RL (non officiel), enfin F8LN (Journal des 8 N° 270 du 12/10/1929 page 7, Radio-Ref 1933-07 page 368).
Côté professionnel, il est diplômé d’études supérieures de droit privé, de droit administratif et d’économie politique, et docteur en droit (thèse soutenue le 18/04/1934 à la faculté de Droit de l'Université de Rennes ayant pour sujet « Les Clauses de non-responsabilité dans le contrat de transport aérien »). En 1936, il est nommé juge à la Cour d'Appel de Rennes (Journal Officiel du 06/02/1936).
Pendant la guerre, il combat dans l’armée de l’air des Forces Françaises Libres en Angleterre. Il est l’un des derniers pilotes de chasse à capituler avec son Bloch 151, en juin 1940. Il est cité à l'ordre de l'Armée Aérienne comportant l'attribution de la Croix de guerre avec palme (Journal Officiel du 03/09/1940, Groupe de chasse 3/10) et nommé officier de la Légion d’Honneur à titre militaire. Il est ensuite dans la Résistance en France.
Après la guerre, il habite à Boulogne-sur-Seine, devient F9AA (Radio-Ref 1946-10a12 page 201) et reçoit un nouveau numéro de membre: REF 4347.
A l'AG du REF de mai 1953, F8NH démissionne de la Présidence, F9AA lui succède.
Sous la Présidence de F9AA des actions de promotion du radio-amateurisme sont menées. D'abord autour du film que Christian-Jaque réalisa en 1956 « Si tous les gars du monde » (dans le film, la station du chalutier "Lutèce", est l'ancien émetteur maritime-mobile de F9AA). Par la suite, Christian Jaque sera nommé « Membre d'Honneur du REF ».
Ensuite l'installation de la station radioamateur F8DEC au Palais de la Découverte à Paris et d'une station sur la Calypso du Commandant Cousteau.
Enfin le soutien aux expéditions longues durées dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises.
Sous sa conduite les relations avec les autorités se développent et le REF est reconnu. La licence des mobiles est acquise (Radio-Ref 1956-04 p296). Les réseaux d'urgence du REF se réorganisent et sont officiellement pris en compte dans les dispositifs de secours, notamment ceux définis dans le plan ORSEC et par la Croix Rouge.
Les démarches effectuées auprès du Ministère de l'Education Nationale avancent, la création de clubs scientifiques dans les établissements techniques est facilitée, le REF s'implique alors dans la mise en place de Clubs radioamateur.
A l'AG du REF de mai 1958 F9AA abandonne ses fonctions de Président, Robert BROCHUT F9VR lui succède (jusqu'en 1966).
Certaines initiatives de F9VR déplaisent à F9AA ce qui entraîne une situation conflictuelle entre les deux hommes qui entretenaient auparavant des relations cordiales (F9AA avait même été le témoin de mariage de F9VR).
L'AG du REF de 1963 valide le projet de réorganisation administrative présenté par F9VR, les sections du REF sont remplacées par une structure départementale. En région parisienne un groupe opposé au projet va créer avec l'aide de F9AA, un Groupement qui deviendra en 1966 le « Radio-Club Central ».
D'autres sujets de discorde apparaîtront par la suite et continueront sous la Présidence de F3FA (de 1966 à 1972). Elles conduiront à la création de l'« Union des Radio-Club » (fédération d'associations dont le Radio-Club Central) avec F9AA comme Président et à la parution en janvier 1968 du premier numéro de « Ondes-Courtes Informations » dont la rédaction est finalement établie au domicile de F9AA du 32 avenue Pierre-1er-de-Serbie à Paris 8ème.
Lors de l'AG du REF d'octobre 1968, F3FA indique l'existence d'une société parallèle au REF : la Fédération des radio-clubs présidée par F9AA actuel Président de la section Ville de Paris. F3FA pense qu'un tel état de fait est inadmissible et l'assemblée adopte une motion pour que le CA étudie et statue sur cette affaire (Radio-Ref 1968-12 page 876).
Suite à cette motion, le Conseil d’Administration du 11 décembre 1968 « décide étant donné la gravité de l'action: de suspendre immédiatement F9AA de ses fonctions de Président de la Ville de Paris et de le radier des membres de l'Association du Réseau des Emetteurs Français » (Radio-Ref de 1969-02 page 145).
F9AA restera Président de l'« Union des Radio-Club » et Directeur de la publication « Ondes-Courtes Informations » jusqu'à son décès survenu à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 13 avril 1978 à l'âge de 72 ans (voir OCI 1978-05 n°082 et 1978-07a08 n°084 page 18).
Sources :
- Histoire de l'émission d'amateur et du Réseau des Emetteurs Français par Gérard DEBELLE F2VX dont je vous recommande vivement la lecture
- Les revues « Journal des 8 » et de « Radio-Ref » (archives accessibles ici, accès réservé aux membres du REF).
- La revue « Ondes-Courtes Informations » (archives librement accessibles ici).
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à Henri Roosens F5KP
Henri, quand on s'est rencontré en 1972, tu avais 41 ans et moi 16.
Tu m'as fait connaître le monde des radioamateurs et permis de faire de belles rencontres.
Membre du Radio-Club Central, tu animais les réunions du «Groupe des Jeunes» tous les mercredis soirs dans les locaux du Radio Télé Club de la SNCF (F1KR / F9TR à l'époque) à la Gare de l'Est.
Ton domaine de prédilection était l'apprentissage de la lecture au son (CW), et au delà des groupes de 5 lettres je garde un souvenir ému des textes en clairs un peu «olé olé» que tu nous passais.
Tu nous organisais des sorties à Dieppe (voir le Compte-Rendu), au Radio-Club de l'Aube ou ailleurs et je me souviens qu'on s'amusait beaucoup et qu'on dormait peu ...
On se retrouvait aussi à la Porte de Versailles pour animer le stand de l'URC à l'occasion de la Foire de Paris ou du salon des Composants Électroniques.
Et puis on s'est perdu de vue lorsqu'à 21 ans je suis parti en province pour mes études.
Mais, grâce à internet, 40 ans après, nous avons réussi à renouer le contact en 2015 au téléphone d'abord, puis «de visu» chez toi en août 2019. Quel plaisir ce fut de se revoir!
Tu es resté à la Gare de l'Est jusqu'en 1992, avant de te retirer pour la retraite dans ta ville natale de La Châtre dans l'Indre.
Avec l'âge, même si tu gardais bon moral, ta santé te posait de gros problèmes.
Faute de pouvoir installer des antennes, tu avais arrêté tes activités radio, mais tu restais en contact avec les OM's du REF 36 et quelques anciens du «Groupe des Jeunes».
Et puis le 8 juillet 2020 à 89 ans, tu as rejoint les «Silent Key». Il me plait à penser que tu donnes maintenant des cours de morse à quelques anges!
. . . _ . _
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Histoire de ...
J'ai fait cette page, histoire de me remémorer comment j’en suis arrivé à devenir radioamateur, mais aussi histoire de faire rejaillir quelques bons souvenirs à ceux de ma génération qui se sont intéressés à la radio dans leur jeunesse.
Je suis né en 1956, l’année où les inventeurs du transistor ont reçu leur prix Nobel de physique.
C'est aussi l’année de la sortie du film de Christian-Jaque, "Si tous les gars du monde".
On habitait dans un appartement à Paris, pas très loin du métro «Télégraphe».
De la fenêtre je pouvais voir le haut de la Tour Eiffel qui dépassait des toits.
Mais le haut de la Tour Eiffel, c’est la partie la plus intéressante, n'est-ce pas, puisque c’est là qu’il y a les antennes!
En 1965 on déménage en banlieue dans un pavillon à Noisy-le-Sec.
C’est plus grand et surtout il y a un grenier …
Noël 1967, comme beaucoup de petit garçon de cette époque, on m'offre un coffret éducatif d'initiation à l'électronique.
Ce coffret Radiogama - Radio Flash permettait entre-autres de «monter» un récepteur à 2 transistors pour écouter les Petites Ondes dans un écouteur.
Cliquez ici pour retrouvez d'autres exemples de coffrets de l'époque.
Juin 1968, je reçois ma première paire de talkie walkie. Ca fonctionne sur 27 Mhz avec une antenne télescopique de plus d’un mètre de long (beaucoup moins maniable que les PMR 446 d’aujourd’hui).
Noël 1968, on monte en gamme avec un coffret Philips Electronic Engineer EE20 qui permet notamment de «monter» un récepteur avec cette fois 3 transistors et un Haut-Parleur.
Une plaque d'isorel percée sur laquelle on pose des feuilles de montage où est imprimé un dessin exact de chacune des pièces à utiliser, des agrafes serre-fils et des ressorts pour faire les contacts, des composants électroniques, un livret théorique et un livret pratique (à télécharger ici), bref tout ce qu'il faut pour commencer à expérimenter..Retrouvez toutes les infos sur les coffrets Philips Electronic Engineer en cliquant ici .
A la bibliothèque municipale, j’emprunte le livre
«La Radio? mais c’est très simple»
et je me passionne pour les causeries d'Ignotus et Curiosus.
Je découvre la loi d'Ohm, le fonctionnement des «lampes» et le principe des récepteurs superhétérodynes.
J'ai 15 ans lorsqu'un ami de la famille qui répare des téléviseurs me donne une vieille télé Radiola des années 1950.
Il me donne aussi son schéma, un stock de tubes électroniques et quelques conseils sur la petite réparation à réaliser pour la faire fonctionner.
Je galère un peu, mais après quelques bidouilles je reçois la 1ère chaine en 819 lignes.
Je découvre les magasins Radio Prim
où je vais acheter mes composants mais aussi un tuner UHF à tubes que j’installe dans ma télé pour capter la 2nd et la 3ème chaine en 625 lignes.
Je continue à me former en lisant des livres (il n’y avait pas encore internet) que je trouve à la
Librairie Parisienne de la Radio,
rue de Dunkerque près de la Gare du Nord.
Le jeudi (jour de repos scolaire à cette époque),
je vais au patronage où l’après-midi se termine toujours par la projection d’un film en 16mm.
Un jour ce fut le tour du film de Christian Jacques
«Si tous les gars du monde»
qui raconte comment le commandant d'un chalutier en difficulté sauve son équipage grâce aux radioamateurs.
Je suis enthousiasmé et je «rêve» de
devenir radioamateur …
En mai 1972, je vais à la Foire de Paris et je tombe sur le stand de l’URC (Union des Radio-Clubs);
c’est l’aubaine qui va me permettre de concrétiser ce «rêve».
Je rencontre F9AA et les membres du Radio-Club Central, notamment l'OM qui anime le
«Groupe des Jeunes du Radio-Club Central»
et qui sera mon futur prof de morse : Henri ROOSENS.
Dès la rentrée de septembre, tous les mercredi soir, rendez-vous à la Gare de l’Est pour la préparation à la licence dans les locaux du Radio-Club SNCF-Est F1KR / F9TR qui héberge le «Groupe des Jeunes».
Je commence à écouter les Ondes Courtes à la maison sur un récepteur à lampes et j’aménage le shack dans le fameux grenier.
En 1973, je deviens officiellement SWL sous l’indicatif FE2540 et membre du REF (Réseau des Émetteurs Français).
Je retourne Porte de Versailles où je participe à l’animation du stand de l’URC au salon
des composants électroniques et à la Foire de Paris
(démonstration de trafic HF et VHF, réception ATV, ...).
Je travaille pendant les vacances pour acheter mon premier Tx en kit.
Ensuite, je passe mes soirées à assembler le fameux HW101 de Heathkit (20 tubes, 2 transistors)
et son alim secteur HP-23 qui pèse 9 Kg.
Chez Vareduc à Courbevoie, j’achète une antenne verticale 12-AVQ prévue pour le 10, 15 et 20m que mon père m’aide à installer sur le toit.
Une fois le HW101 aligné, je peux enfin écouter les radioamateurs dans de bonnes conditions.
Début 1974 je prends rendez-vous avec l’inspecteur des PTT.
Il se déplace jusqu’à mon QRA pour me faire passer la licence (ça se faisait comme ça à l’époque).
Vérification de mon matériel et de mes connaissances
(règlementation, quelques questions autour du creux de plaque, un peu de lecture au son)
et me voilà radioamateur sous l’indicatif F6DBL.
En septembre je rentre au lycée Jacques-Decour
qui est dans le même quartier que le siège du REF (square Trudaine à l’époque); c'est idéal pour récupérer mes QSL.
Sur mon trajet je passe par la Gare du Nord
(Radio Prim rue de l’Aqueduc) et la
rue de Dunkerque (Librairie Parisienne de la Radio).
Parfois je fais un petit détour par la cité Paradis pour acheter des pièces de rechange chez Philips.
Dommage BERIC n’est pas à côté, il faut aller jusqu’à Malakoff, mais ça vaut le détour.
Certains de ces établissements existent depuis longtemps comme en témoignent ces publicités qui paraissaient dans Radio-Ref dès les années 1930.
La suite sera faite de QSO, de bidouilles et de belles rencontres...
Hommage
Des années plus tard, j’ai découvert que mon arrière-grand-père maternel Eugène AUXENFANTS (Mort pour la France en 1918) avait été Radiotélégraphiste dans le 8e régiment du génie*.
Même en 1981, lorsque j’ai effectué mon Service National au titre de la coopération à Bizerte en Tunisie, j'ignorais qu'il y avait été affecté 65 ans plus tôt.
* Après la guerre de 14-18, les premiers radioamateurs français choisissent de s’identifier avec un indicatif personnel commençant par 8, signe de l'influence des anciens du 8ème Génie. C’est ainsi que la première revue radioamateur est créée en 1924 sous le nom de « Journal des 8 ».
Le «F» identifiant la France sera ajouté en 1927 sur décision de l'IARU.
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